J'ai la flemme de tout lire
Mais étant moi même (malgré ce que peuvent croire certains) un traqueux, voilà ma vision des choses :
- je n'aime pas le fait de devoir recourir à un médicament quelconque. Pour moi le stress amène une adrénaline qui peut également être profitable à condition de savoir la gérer. Par ailleurs, c'est bête mais je me sentirais un peu comme un athlète devant se doper
- le stress vient dans mon cas du fait que sur une pièce donnée, il amène une part d'ombre et d'imprévisible. Je sais que je suis capable de jouer un morceau plus ou moins correctement, mais je ne sais pas de quoi je suis capable en public, et en situation de stress justement. Et c'est ça qui amène le stress. Je sais que je ne suis pas "blindé", et que je peux me vautrer à cause de cette faille.
J'ai 3 éléments de réponse pour ce second point :
1/ Il faut mettre à son répertoire des pièces "faciles" techniquement (ce qui ne veut pas dire qu'elles n'apportent rien à la progression pianistique), et qui permettent de se faire de l'expérience en public en limitant le stress
2/ Outre le travail psychologique à faire sur soi, pour se convaincre que le plaisir du public ne dépend pas de la perfection de l'exécution, il est pour moi nécessaire de jouer un morceau en public au moins 3 fois.
La première fois sera forcément très stressante, et il faut y aller avec beaucoup de précautions : s'astreindre à jouer un cran ou deux en dessous du tempo cible. Si cette prestation se passe bien, la suivante se passera mieux, parce qu'on sait qu'on est capable de bien jouer en public. Plus on joue, plus la confiance est là. Si ça se passe mal, essayer une autre prestation public. Si même la seconde prestation se passe mal, c'est pour moi que le morceau est un niveau au-dessus de ce qu'on peut faire.
3/ Par ailleurs, il est bon de prévoir un maximum de concerts avec un programme un peu long, où l'on joue plusieurs pièces. Cela permet de gérer son stress, et de se constituer un sacré capital confiance.
Le fait d'avoir un programme long, avec des choses faciles, des choses difficiles, éventuellement de l'accompagnement ou du 4 mains etc...ça permet de se donner de la marge de manoeuvre. On commence par des morceaux facile, justement pour se mettre en confiance. Après 2 ou 3 morceaux bien passés, on commence de fait à se décontracter et on peut caser un premier morceau difficile. Ensuite de nouveau 1 ou 2 facile pour se détendre et reprendre un peu de confiance si le morceau difficile s'est mal passé.
J'en ai fait l'expérience ce week-end (je mettrai des enregistrements sur le forum) : un concert d'1h, avec 30 min de piano seul, et 30 min d'accompagnement. J'ai commencé avec un morceau d'accompagnement très lent, qui ne me posais aucun soucis. C'est indispensable car le premier morceau est un vrai sasse de décompression.
Voilà à quoi ressemblait le programme :
- Morceau d'entrée, lent et facile, en accompagnement, pour "faire connaissance" avec le public, le piano, l'acoustique etc...
- 1er morceau de piano solo, facile techniquement (sonate de Galuppi)
- 2ème morceau de piano solo, plus conséquent et plus difficile (6 romances sans paroles op.19 de Mendelssohn) - à ce stade là, j'ai déjà 2 morceaux qui se sont bien passés, et je commence à me sentir mieux, à reprendre le contrôle et à faire ce que je veux.
- 2 morceaux d'accompagnement simples, pour souffler après le morceau précédent
- 1 morceau d'accompagnement un peu plus allant
- dernier passage de piano solo, le plus délicat (4 études de Chopin) - Celui-là, je sais que si j'avais du le jouer sans tout le reste avant, ça aurait pu être très moyen. Là ça s'est merveilleusement passé, et je sais que je pourrai rejouer ces études en public maintenant. Elles sont "exorcisées", le stress est vaincu, je
sais que je peux les jouer en public.
- dernier morceau brillant pour conclure (en accompagnement), pour le plaisir de conclure et de montrer ce que je peux faire en étant enfin maître de moi-même
Ce genre d'expérience, c'est long à préparer mais une fois passé, c'est de l'or en barre au niveau de l'expérience et la gestion du stress.