La grosse boulette...et après...

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
Répondre
Avatar du membre
Lee
Messages : 11345
Enregistré le : lun. 09 sept., 2013 0:09
Mon piano : Pleyel 3bis 1925

La grosse boulette...et après...

Message par Lee »

Bonjour,

J'ai décidé de créer un autre fil séparé du fil "et si on laisse la partition sur le pupitre" car même si c'est la suite de mon histoire, ce n'est pas le même sujet. En fait je ne savais pas trop comment chercher le sujet dans d'autres anciens fils (et je ne me souviens pas trop d'autres fils sur le sujet), si vous avez des suggestions, ça pourrait être intéressant de les consolider comme idéelement je cherche des solutions pour me/nous aider...

Donc finalement j'ai pris mes risques, je n'ai pas réimprimé la partition que je ne trouvais plus dans mes affaires. C'était un public sympa et bienveillant mais le plus grand public des personnes que je ne connaissais pas, pour lesquelles je n'ai jamais joué, depuis ma reprise du piano. Grâce a Doubidoudom qui nous a invité a joué dans le cadre de l'anniversaire de Satie à Arcueil, j'ai tenté le coup. Nous étions la "pause piano" de son programme chorale très vivant et intéressant, y compris une chanson resistance de la Commune, une autre sur l'air de Bolero de Ravel, et une autre qui semblait pleine de gros mots mais qui terminaient avec des mots normaux "Con - tradictoire" (ou de même genre) je ne me souviens plus. Nous avons joué le premier et plus simple de La Mère d'Oye ensemble et puis chacun un morceau, Doubidoudom avait joué Jack-in-the-Box de Satie (la partition était trouvée tombée derrière le piano après sa mort, il m'avait raconté après :!: ). J'ai joué Romance sans paroles de Gabriel Pierné que je traîne depuis des lustres, comme Pierné était de la même période et quand j'avais vu son message d'invitation à tous sur le forum, j'ai essayé et j'avais toujours dans mes doigts par coeur.

La première partie de mon morceau s'était bien passé au début, je n'avais pas des mains tremblantes, que j'ai toujours imaginé mon plus grand enemi. Mais un moment donné, après le changement de l'armature au mineur, des mauvaises notes une après l'autre sont arrivées (plutôt de la main gauche je crois) jusqu'au point que je ne pouvais pas continuer : je cherchais les notes à reprendre et je ne les trouvais pas, je pense que le public a carrément entendu un blanc pour quelques moments, je ne peux pas dire combien de temps. L'image qui me vient est un train sur les railles, qui prend plusieurs coups, perdant les parties de son corps, avec pour conséquence que le déraillement, impossible de tenir ni remettre sur les railles où il est sorti.

Alors j'ai repris à partir de la transition quelques mesures avant le changement de la tonalité au mineur. Clairement par rapport ce que j'avais déjà joué, clairement aux oreilles du public, j'ai sauté à un endroit "sûre" pour reprendre quelque part...et c'était reparti sans problème, probablement sans faute...j'ai même eu un énorme plaisir de jouer la suite. (Et j'ajoute pour encourager d'autres pour jouer pour un public inconnu et sympa : plusieurs personnes m'ont gentiment quand même félicité ou remercié en disant qu'ils avaient apprécié mon morceau après le concert.)

Je vous raconte tout ça parce que deux choses me travaillent actuellement, sans réponse sûre mais peut-être vos expériences et ce que vous pouvez contribuer pourraient aider :
1/ Pourquoi ai-je perdu mes moyens d'abord, avec juste quelques mauvaises notes ?
2/ Pourquoi ai-je pu reprendre et me concentrer pour bien jouer sans problème après ?

Juste une chose à préciser pour 1 : la compétence de pouvoir "reprendre n'importe où" n'était clairement pas maîtrisé, je suis trop paresseuse, mais je voudrais mettre l'accent sur le fait que dans ma détresse, je n'ai même pas pu recommencer dans la partie mineur, ce que je peux faire là dans le calme, je la connais. Serait-il plutôt une question de concentration, et alors comment garder la concentration ? J'étais obligée de retourner à l'endroit que j'avais marqué dans ma tête comme "au pire, c'est là qui est clairement une base à recommencer". Finalement, même si cet endroit était "bétonné" pour reprendre, est-ce que le fait que je l'avais privilegié un endroit a conduit à l'éffondrement quelques peu après, ou est-ce que j'ai saboté ma capacité à reprendre à un endroit que je connais bien ?

Concernant le 2, pourquoi c'était bien passé ? On dit qu'après une grosse boulette, on est soulagé et on joue sans problème. Et vous ? Ou serait-il juste une question de concentration. Je me souviens bien, un moment que je jouais après, je me suis même dit "tiens, je ne tremble pas, je suis calme, tout va bien". Bizarre, non ?

Mes questions ne sont pas hyper importantes, mais je me suis dit, que peut-être en discutant, on pourrait s'aider un à l'autre trouver quelques solutions et/ou astuces.

Merci !
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Avatar du membre
Oupsi
Messages : 4418
Enregistré le : ven. 31 juil., 2009 14:06
Localisation : S.-O.

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Oupsi »

Bravo pour la prise de décision et la force morale, deux éléments essentiels, tu as pu retrouver le plaisir de jouer et ça c'est fabuleux! Je suis très admirative.

La seule chose que je peux dire c'est qu'en effet dans une perspective de jeu en public il faut travailler à fond y compris les passages qui ne flanchent jamais, parce que ce sont eux qui flanchent avec le stress! et effectivement les passages après ceux qui posent problème deviennent vulnérables, comme si on payait cash le petit relâchement d'avoir réussi le passage le plus dur.
Je trouve parfois que notre inconscient d'exécutant a le fonctionnement d'un éducateur pervers. "Ah tu as réussi ça, et bien tu vas voir!!"
Je reste persuadée qu'il y a deux manières d'y répondre: soit anticiper toutes ses ruses ce qui d'une certaine manière lui donne crédit d'avoir raison dans ses cruelles injonctions, soit chercher un autre moyen de jouer où il n'y ait absolument aucune place pour lui. Je suis depuis longtemps à la recherche de la deuxième stratégie avec des résultats assez médiocres pour l'instant.
Avatar du membre
Okay
Messages : 5212
Enregistré le : mar. 13 juil., 2010 17:32

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Okay »

Lee a écrit :1/ Pourquoi ai-je perdu mes moyens d'abord, avec juste quelques mauvaises notes ?
2/ Pourquoi ai-je pu reprendre et me concentrer pour bien jouer sans problème après ?

Juste une chose à préciser pour 1 : la compétence de pouvoir "reprendre n'importe où" n'était clairement pas maîtrisé, je suis trop paresseuse, mais je voudrais mettre l'accent sur le fait que dans ma détresse, je n'ai même pas pu recommencer dans la partie mineur, ce que je peux faire là dans le calme, je la connais. Serait-il plutôt une question de concentration, et alors comment garder la concentration ? J'étais obligée de retourner à l'endroit que j'avais marqué dans ma tête comme "au pire, c'est là qui est clairement une base à recommencer". Finalement, même si cet endroit était "bétonné" pour reprendre, est-ce que le fait que je l'avais privilegié un endroit a conduit à l'éffondrement quelques peu après, ou est-ce que j'ai saboté ma capacité à reprendre à un endroit que je connais bien ?
Oui il y a une question de concentration, qui est une attitude qui se travaille en public et est la clé de beaucoup de choses. Mais pas seulement. Même si on est concentré, il faut avoir à disposition les éléments qui permettent de jouer avec une meilleure sécurité. Tu parles exactement de ce genre de chose, quand tu parles de cet endroit "bétonné" où tu as donc pu reprendre. Tu avais marqué un point de repère, et c'est grace à ça que tu as évité le pire. Plus tu as d'endroits comme ça dans la pièce, moins tu risques d'avoir des problèmes. En travaillant, au départ on a très peu de points comme ça, puis petit à petit le toile d’araignée doit se resserrer, jusqu'à bétonner des trucs à chaque mesure. Si bien que si tu glisses, le point en arrière sur lequel tu t'es reposée la dernière fois est si proche, que tu n'as même pas le temps de tomber et tu peux continuer juste en accrochant à peine.
C'est important de ne rien négliger, car nous restons toujours à la merci de ceci (vérifié, vécu et revécu...) :
Oupsi a écrit :il faut travailler à fond y compris les passages qui ne flanchent jamais, parce que ce sont eux qui flanchent avec le stress! et effectivement les passages après ceux qui posent problème deviennent vulnérables, comme si on payait cash le petit relâchement d'avoir réussi le passage le plus dur.
Lee a écrit :Concernant le 2, pourquoi c'était bien passé ? On dit qu'après une grosse boulette, on est soulagé et on joue sans problème. Et vous ? Ou serait-il juste une question de concentration. Je me souviens bien, un moment que je jouais après, je me suis même dit "tiens, je ne tremble pas, je suis calme, tout va bien". Bizarre, non ?
Tu décris très bien ce qui m'arrivait régulièrement il y a encore deux ans, exactement ça ! J'étais mort de trouille de l'incident, et forcément je le provoquais par cette émotion si négative. Et puis une fois que c'était arrivé, c'était trop tard et le mal était déjà fait, donc aucune raison d'avoir peur puisque ma crainte s'était déjà matérialisée, j'étais déjà tombé. Et hop le trac se barrait et je jouais presque comme à la maison. C'est terriblement frustrant, des jours ça me donnait presque envie de commencer sur une fausse pour avoir la paix mentale ensuite.
Finalement je m'en suis plus ou moins sorti à la fois via la concentration plus forte, et un travail beaucoup plus abouti. En gros, si j'avais peur de tomber c'est que consciemment ou pas, je savais que je pouvais tomber, être à la merci d'un incident. Puis à force de tout solidifier, de chercher à vraiment connaitre le texte et tout ce qu'il implique, j'ai commencé à avoir de moins en moins peur. A passer petit à petit en mode "je sais ce que je dois faire alors je le fais, et si je me sens vraiment bien, je relâche et je raconte comme ça vient". Ca demande toujours quelques minutes de très forte concentration à pas mal verrouiller au début... puis on s'habitue à la scène et on s'envole après avoir survécu au décollage. Et en cas de turbulences, le travail fin préparatoire permet de repasser à tout moment en pilotage manuel.
Oupsi a écrit :Je trouve parfois que notre inconscient d'exécutant a le fonctionnement d'un éducateur pervers. "Ah tu as réussi ça, et bien tu vas voir!!"
Je reste persuadée qu'il y a deux manières d'y répondre: soit anticiper toutes ses ruses ce qui d'une certaine manière lui donne crédit d'avoir raison dans ses cruelles injonctions, soit chercher un autre moyen de jouer où il n'y ait absolument aucune place pour lui.
Je n'avais jamais vu ça comme ça, mais ça sonne en effet cruellement juste... Comme je le décris au dessus, mon tempérament m'a poussé très fort vers la première stratégie, parer à tous les tracas possibles. J'ai simplement remarqué que même lorsque je suis détendu, les passages les moins réussis sont ceux pour lesquels le travail est le moins abouti, sans aucun rapport avec leur difficulté apparente. Du coup cet éducateur n'est peut-être pas si pervers, mais on se trouve plutôt dans la situation de l'étudiant qui n'a pas révisé la matière dans laquelle il est supposé avoir quelques facilités... Dès le moment où on s'approprie plus ou moins ce travail, ce contrôle cesse d'être douloureux, il est devient simplement une feuille de route, et selon l'état ou l'envie du moment, on la survole en pilotage manuel à vue, ou on branche le pilote automatique... pour finalement se retrouver en public plus ou moins entre les deux. La sécurité s'obtient via une feuille de route et des procédures précises. Ensuite, dans ce cadre, il reste toute la place pour marquer une présence artistique, et même pour laisser s'exprimer des idées inédites.
Avatar du membre
Arabesque44
Messages : 3786
Enregistré le : lun. 07 oct., 2013 18:11
Mon piano : Bechstein 175 Yamaha 155P
Localisation : Nantes

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Arabesque44 »

Je vous rejoins sur la plupart des thèmes ci-dessus.
Je suis très confiante, on ne peut que s'améliorer avec le temps ( enfin, tant qu'on est pas tombé dans la grande sénilité :oops: )
Bonne expérience encore que les 15h de PM, où nous nous sommes efforcés d'allonger un peu le temps de jeu et le nombre de morceaux. Les résultats pour moi sont globalement positifs, et surtout je comprends mieux maintenant ce qui peut faire déraper.
Je rejoins Lee sur la possibilité de jouer correctement un 2eme morceau après avoir pas mal écorché le 1er. Ca prouve qu'on ne se laisse pas gagner par la panique!
J'ai aussi expérimenté la boulette de fin de morceau, une fois le passage le + difficile réussi. Le piège, l'erreur qui ne m'arrivait jamais chez moi !( le dernière reprise du thème principal de la valse de Chopin en si min, qui commence sur un si un octave en dessous ...J'ai voulu poser un beau "si" grave ...et l'ai si bien posé que ça n'a pas pu repartir dans les temps, ni avec les bonnes notes :oops: #-o )
Et surtout j'ai enfin compris qu'il me fallait vraiment "bétonner" à mort même les passages faciles, ceux qui ne posent pas de problèmes à la maison mais peuvent s'avérer fragiles en public ( pas vraiment par cœur parce qu'on n'est pas obligé de regarder le clavier:mrgreen: , doigtés pas fixés etc...)
Abegg63
Messages : 1024
Enregistré le : mer. 30 mars, 2016 21:05
Mon piano : steinway modèle s 1936
Localisation : Puy-de-Dôme

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Abegg63 »

Bonjour et bravo Lee d'avoir pu reprendre et surtout continuer, en plus en jouant bien.
Pour moi c'est difficile de continuer à jouer bien une oeuvre si je me suis plantée dans un passage, je ne peux m'empêcher de me déconcentrer parce que généralement ce sont des erreurs tellement bêtes!!!
Lors de mon dernier concert la première partie s'est franchement très bien déroulée, j'avais pu essayer le piano autant que je le voulais et j'ai donc pu bien me familiariser avec lui et avec la salle. Ensuite je me suis "emmeêlée" les doigts dans un passage de main gauche pas difficile techniquement mais auquel j'avais accordé beaucoup d'attention dans ma préparation car il devait être très piano avec une main droite très chantée. J'ai eu du mal après ça à retrouver l'atmosphère que je voulais, je sais que j'ai joué la fin de la sonate beaucoup moins bien que le début.
Je pense m'être déconcentrée à ce moment-là mais pourquoi?
Pour moi c'est souvent la clé de mes fautes, même si je sens que je progresse à chaque performance, la question est de savoir comment ne pas me laisser déconcentrer par des pensées parasites comme évoqué dans un autre fil
Avatar du membre
Cadenza
Messages : 1786
Enregistré le : dim. 29 mai, 2016 7:42
Mon piano : Yamaha M1A
Localisation : Québec et discord.gg/9JmQKAm
Contact :

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Cadenza »

J'ai hâte d'avoir l'occasion de jouer en public afin de cerner les aspects différents à travailler, les pièges dans lesquels on ne tombe qu'à ces moments-là. La caméra ne remplace pas cela...

Le seul petit concert que j'ai donné au piano, c'était à Noël, avec un public de 5 personnes, de la famille (mes parents, une soeur, son amie, et une tante). Je leur avais fait un programme papier un peu particulier, vu le contexte familial. J'avais accompagné chaque pièce d'un petit paragraphe expliquant les difficultés du morceaux (aucune des personnes présentes n'a joué de piano dans sa vie; ma soeur a fait de la flûte traversière à l'adolescence), ce qui pouvait leur permettre, si ça les intéressait, de porter leur attention sur des éléments particuliers dans chaque pièce (ex : la mélodie à faire ressortir au 5e doigt dans la sonate clair de lune, 1er mouvement).
C'était vraiment à la bonne franquette. Ma mère a décidé de lire mes courtes explications entre chaque morceau.
Je pensais que je serais plus nerveuse, malgré le public indulgent, il restait que c'était la première fois que je jouais vraiment pour quelqu'un d'autre, et j'avais déjà remarqué qu'au conservatoire, quand je vois, par la fenêtre du local, quelqu'un me regarder, même une fraction de seconde, je deviens nerveuse et je me trompe dans ce que je joue. Qu'allait-ce être devant un vrai public?!

J'ai fait réellement une seule erreur qui m'a vraiment perturbée, et c'était dans mon Mozart. Je suis arrivée à la 5e mesure et j'ai eu l'impression de ne pas jouer les bonnes notes à la main gauche. J'ai donc décalé vers la gauche, pour me rendre compte qu'en fait, je n'étais pas dans l'erreur la première fois. Mais lorsque j'entre dans les traits de gamme, je ne connais pas d'endroit intermédiaire où reprendre. Du coup,j'ai repris au début de la mesure 5 et le reste s'est bien passé.
Je sais que normalement, mon prof conseille de reprendre plus loin, car il dit que s'il y a eu un bug la première fois, il est très probable que la seconde fois, il y ait un bug aussi, et faire deux fois la même erreur alors que tu donnes une prestation publique, c'est de quoi te saper la confiance! Et j'ai assisté à l'application de ce truc en direct, lorsque j'ai assisté à un midi-musique où il jouait. Il avait eu un blanc de mémoire majeur (il jouait une sonate de Beethoven... en sol majeur je crois) et il a repris quelques mesures plus loin sans peine (et il s'est merveilleusement repris avec la Vallée d'Obermann ensuite, qui m' laissée ébahie).

J'aurais eu tendance, et j'ai encore tendance, à penser qu'une erreur me ferait dévaler une pente, erreurs sur erreurs jusqu'à ne plus arriver à jouer quoique ce soit d'intelligible, car augmentant toujours mon stress. Dans un contexte familial, ça s'est bien passé. À savoir comment cela se passerait dans un contexte plus formel et moins indulgent, je n'en suis pas certaine.

Cet été, je compte bien me mesure aux pianos publics extérieurs!
Mon parcours musical, du jour 1 (février 2016), avec ses hauts et ses bas. ;)
Avatar du membre
Lee
Messages : 11345
Enregistré le : lun. 09 sept., 2013 0:09
Mon piano : Pleyel 3bis 1925

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Lee »

Merci de m'avoir lue et les mots encourageants, et merci pour vos témoignages différents et intéressants.

Effectivement je n'ai jamais bétonné toutes les mesures d'un morceau comme Okay évoque, je n'ai jamais appris ou travaillé pour "pouvoir commencer n'importe où" ni "jouer tout le morceau dans sa tête, pouvant citer note par note la main gauche ou droite" ou pourquoi pas, on a vu un qui jurait par le méthode, "jouer tout le morceau à l'envers mesure par mesure ou quelques mesures par quelques mesures". J'avoue que c'est trop de travail pour moi, je ne pense pas me mettre faire ça...

Effectivement j'avais commencé un peu avant où tout a déficelé et s'est effrondré, c'est pourquoi j'étais tellement étonnée que c'était bien passé après, c'était peut-être parce que le gros couac n'avait pas de vraie raison sauf le trac. Mais finalement ton prof, Jouishy, a probablement raison, en général pour ne pas recaisser la tête, sauter à la mesure ou les notes suivantes me semble une bonne idée.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Abegg63
Messages : 1024
Enregistré le : mer. 30 mars, 2016 21:05
Mon piano : steinway modèle s 1936
Localisation : Puy-de-Dôme

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Abegg63 »

Moi aussi je crois que ton prof a raison Jouishy, en public, quelqu'un qui se trompe et qui recommence depuis le début a de grandes chances de se tromper au même en droit. Si on peut il vaut mieux sauter même plusieurs mesures et continuer.
Je me souviens d'un récital de Jean-claude Pennetier absolument magiqe de musicalité mais où il a carrément supprimé tout un passage de la barcarolle de Chopin. Il l'a fait tellement bien que ça n'a choqué personne. J'avais quand même un doute en sortant du concert et c'est seulement en relisant la partition que j'en ai eu la confirmation.
Comme quoi ce n'est pas très grave les fautes du moment que ça ne dénature pas le sens musical de l'oeuvre jouée.
Jean-Michel Verdier
Messages : 838
Enregistré le : sam. 20 août, 2005 21:37
Mon piano : Sauter 165
Localisation : Montpellier
Contact :

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Jean-Michel Verdier »

Tous les témoignages lus ici me réconfortent dans l'idée que nous sommes tous, à des degrés divers, sujets au stress et à la perte de mémoire, sauf certainement Okay ou JPS (et certainement d'autres que j'oublie) qui sont hors catégorie avec un niveau très supérieur à la plupart des PMistes. Ce qui m'a toujours surpris c'est que ça peut arriver n'importe où, même dans des passages complètement maîtrisés (ou du moins considérés commes tels), où on ne s'attend pas à se "planter", et bien sûr aussi dans le passage redouté. De même, quand on a maîtrisé à peu près le morceau, qu'arrive la fin, qu'on commence à souffler en se disant que c'est bon... patatras, c'est là qu'on s'étale encore.

Vis à vis de l'auditoire, c'est très frustant. Quand on a des PMistes en face, on se sait compris. On peut se consoler. Mais quand les spectateurs ne connaissent pas la musique et encore moins le piano, et que vous vous plantez dans quelque chose qui semble très simple pour eux (mais qui peut être redoutable quand on connaît la musique), c'est encore plus frustrant. La dernière fois je discutais avec un mélomane, amateur de piano, mais absolument pas musicien : il pensait qu'au piano il suffisait de jouer les notes, et que plus il y avait de notes plus c'était difficile. Beaucoup plus impressionné par une descente chromatique d'octaves aux 2 mains qu'une fugue de Bach à 4 voix.

Finalement, je ne sais pas trop comment faire pour arriver à diminuer cette angoisse, ces tremblements incessants des mains (sans beta-bloquants :D ) et cette sensation d'être toujours sur le fil du rasoir.
Avatar du membre
Cadenza
Messages : 1786
Enregistré le : dim. 29 mai, 2016 7:42
Mon piano : Yamaha M1A
Localisation : Québec et discord.gg/9JmQKAm
Contact :

Re: La grosse boulette...et après...

Message par Cadenza »

Abegg63 a écrit :Moi aussi je crois que ton prof a raison Jouishy, en public, quelqu'un qui se trompe et qui recommence depuis le début a de grandes chances de se tromper au même en droit. Si on peut il vaut mieux sauter même plusieurs mesures et continuer.
Je me souviens d'un récital de Jean-claude Pennetier absolument magiqe de musicalité mais où il a carrément supprimé tout un passage de la barcarolle de Chopin. Il l'a fait tellement bien que ça n'a choqué personne. J'avais quand même un doute en sortant du concert et c'est seulement en relisant la partition que j'en ai eu la confirmation.
Comme quoi ce n'est pas très grave les fautes du moment que ça ne dénature pas le sens musical de l'oeuvre jouée.
Attention toutefois, je ne parle pas de recommencer au début (ce qui serait une catastrophe, pour peu qu'on soit rendu plus loin que la 10e mesure ^^), mais bien de recommencer sur un passage antérieur à l'endroit où l'on s'est trompé, de telle sorte qu'on devra rejouer le passage qui a achoppé. Et ça peut être risqué.
Lee a écrit :Merci de m'avoir lue et les mots encourageants, et merci pour vos témoignages différents et intéressants.

Effectivement je n'ai jamais bétonné toutes les mesures d'un morceau comme Okay évoque, je n'ai jamais appris ou travaillé pour "pouvoir commencer n'importe où" ni "jouer tout le morceau dans sa tête, pouvant citer note par note la main gauche ou droite" ou pourquoi pas, on a vu un qui jurait par le méthode, "jouer tout le morceau à l'envers mesure par mesure ou quelques mesures par quelques mesures". J'avoue que c'est trop de travail pour moi, je ne pense pas me mettre faire ça...

Effectivement j'avais commencé un peu avant où tout a déficelé et s'est effrondré, c'est pourquoi j'étais tellement étonnée que c'était bien passé après, c'était peut-être parce que le gros couac n'avait pas de vraie raison sauf le trac. Mais finalement ton prof, Jouishy, a probablement raison, en général pour ne pas recaisser la tête, sauter à la mesure ou les notes suivantes me semble une bonne idée.
J'ai effectivement entendu parler de cette méthode de pratiquer à l'envers. L'idée en elle-même n'est pas bête, considérant qu'il est vrai que l'on pratique souvent plus le début que la fin d'un morceau.
Dans les astuces de pratique, j'ai aussi écouté quelqu'un qui parlait (le fameux Graham Fitch - j'espère ne pas massacrer son nom - de pianist magazine) de pratiquer en «zigzag», soit jouer, par exemple, une mesure main gauche seule, puis la suivante main droite seule, en alternance tout le temps. On peut y aller à coup de une, 2, 3, 4 mesures... voire une demie mesure; ou encore de jouer une mesure, de s'arrêter sur le premier temps de la suivante, compter une mesure à vide, puis continuer en rejouant la première note.
C'est un peu laborieux, donc clairement, je ne ferais pas ça tout le temps, mais je trouve que ça amène à voir le morceau différemment, et si on bute dans sa pratique, ça peut permettre peut-être de prendre les choses sous un autre angle. J'ai essayé un peu avec mon Mozart hier. Bon, en une journée, je n'ai pas de gros constat à faire, mais je dois dire que j'ai quand même apprécié, car cela me donnait l'occasion d'essayer quelque chose de nouveau, dans cette pièce que je pratique depuis un peu trop longtemps (mais je ne peux pas honnêtement dire que je sature, bien que j'aie hâte de passer à autre chose).

J'avais écouté un reportage il y a quelques temps (ou lu un article? enfin...) sur l'apprentissage, et ils concluaient que l'on apprend mieux en variant les conditions plutôt qu'en refaisant la même chose ad nauseam. L'expérience tenté était avec un périphérique informatique. Imaginer un nouveau type de souris d'ordinateur qui fonctionne différemment, et que vous devez donc apprendre à utiliser. Ils ont fait plusieurs groupes et il y avait deux «périodes» d'apprentissage. La première fois, le groupe 1 et 2 devait faire la même chose : cliquer sur un objet à l'écran je crois. Et les conditions de l'expérience étaient identiques pour les deux groupes. La deuxième fois, le premier groupe refaisait la même chose que la première fois, dans les mêmes conditions. Le 2e groupe par contre, la nouvelle souris n'avait pas la même sensibilité et les gens devaient se réhabituer à la manier. Lorsqu'ils ont testé les habiletés des candidats lors d'un test, quelques jours plus tard, le deuxième groupe a eu de meilleurs résultats que le premier.
Et je pense que c'est là toute la pertinence de pratiquer avec des rythmes différents quand on veut atteindre l'égalité rythmique, de mettre des accents sur différents temps, ... bref, tous les trucs que les profs de musique connaissent de façon empirique, par expérience, et qui prennent leur sens à l'égard de la science moderne. :)
Mon parcours musical, du jour 1 (février 2016), avec ses hauts et ses bas. ;)
Répondre