Bon, ça y est j'ai de nouveau 2000 messages de retard...
J'ai repensé à deux trois choses hier. Je n'ai pas envie de vous infliger mon point de vue ad nauseam, alors je vous raconte encore ça et promis j'arrête
(ou pas)
En fait, on prend souvent les choses à l'envers : on fait travailler des gammes et du hanon très tôt, et les études de Cramer ou autre, à juste titre, plus tard.
Or pour ma part ce n'est qu'en travaillant ces études que j'ai découvert le véritable intérêt des gammes et du hanon.
Comment j'en suis venu à Cramer :
Quand j'étais dans la classe d'orgue du CNR de Paris, j'ai eu l'occasion de prendre un cours ou deux avec Judy Chin (que Okay doit connaître). Elle m'a écouté, et la première chose qu'elle m'a dit c'est "il faut jouer des études, tu choisis, Clementi, Cramer, ce que tu veux, tu en travailles quelques unes et tu me les joues la prochaine fois".
Ce que j'ai fait. J'ai acheté un volume de Cramer.
J'ai commencé à le travailler...et je n'ai pas compris...Certaines études n'ont rien de difficile en soi, c'est pianistique, pas de difficulté technique qui émerge à la lecture de la partition. Et pourtant, j'avais l'impression de jouer comme un débutant. C'était moche, inégal, je ne contrôlais rien.
Et bien ça pose beaucoup de questions ! Pourquoi ? Qu'est ce qui se passe ?
Par exemple, l'étude pour la main gauche de Cramer, la numéro 16 (
ici), eh bien ça m'a montré à quel point j'étais un véritable manchot de la main gauche (faites l'essai).
Et la numéro 13 m'a montré que je n'étais pas fichu de jouer mains ensembles.
Vous me direz : si je jouais mes morceaux sans ça avant, quelle importance ? Eh bien vraiment, non, je n'arrive pas à me dire ça. Ce travail me pose des questions que je ne peux pas laisser sans réponse, et je suis persuadé que le fait d'y répondre m'aidera à mieux jouer.
C'est très compliqué d'expliquer tout ça, parce que c'est du "retro-engineering". C'est du ressenti qu'il faut analyser après coup.
Eh bien voilà, tous les jours, je rejoue ces études pour me reposer les questions et me "mettre les réponses dans les doigts", pour me rappeler que si j'ai des gammes en mouvement contraire, il faut que je mette mon esprit dans telle configuration etc...étude après étude, en égrenant les difficultés. Je révise en quelque sorte.
Et je révise d'autant mieux que le matériel musical est très pauvre - même si ces études ne sont pas moches, loin s'en faut, et restent assez agréables à jouer. Ce sont vraiment des morceaux qui n'ont pas d'autre intérêt que de poser des questions à celui qui les joue.
Eh bien les gammes et le hanon, je trouve que c'est ce procédé poussé à l'extrême. On se coupe de tout contexte musical, et on se pose juste des questions sur ce qu'on sait ou ne sait pas faire, et pourquoi on ne sait pas faire.
Bref - ou pas - comme je l'ai dit, c'est très compliqué à expliquer à posteriori. Alors mon meilleur conseil est : essayez Cramer, je suis curieux de savoir si mon impression sera partagée.
Boum, allez, un pavé de bon matin pour vous réveiller. Debout PM !