Fred Nardin, le 12 avril 2017, au Duc des Lombards
Ayant souscrit à la Carte Paris Jazz Club (valable un an), je peux assister à un concert gratuit par mois dans les meilleurs clubs de jazz de Paris : Duc des Lombards, Baiser Salé, Sunset-Sunside, Cave du 38 Riv', Petit Journal Montparnasse, ce qui fait donc 60 concerts dans l'année, sachant que sont les clubs qui sélectionnent les concerts auxquels vous pouvez aller.
J'aime beaucoup cette idée, parce que c'est l'occasion pour moi d'aller écouter des artistes que je ne connais pas, dont d'ailleurs souvent je n'avais jamais encore entendu parler.
Dans ce cas, je ne cherche pas à savoir avant qui est l'artiste que je vais aller voir, ce qu'il a fait précédemment, son parcours. J'adore découvrir, sans aucun a priori.
Hier soir, c'était donc Fred Nardin, pianiste, qui passait au Duc des Lombards.
Il était accompagné d'Or Bareket à la contrebasse et de Leon Parker à la batterie. Or Bareket, je ne connais pas non plus. Leon Parker, en revanche, je connais...
... Je l'ai souvent vu dans des clubs de jazz... Un batteur vraiment habité qui n'hésite pas, dans l'inspiration, à jouer aussi avec la simple paume des mains, à même la peau des caisses ou de la cymbale. Aucune esbroufe avec lui. Une seule cymbale, c'est bien suffisant. Parfois il ne peut s'empêcher de jouer aussi le rythme directement sur son corps, voire de chanter le rythme.
Fred Nardin est jeune, Or Bareket aussi ... J'imagine entre 25 et 30 ans. Leon Parker en a 52.
Voilà, ça commence... Et tout de suite le beau son. En moins de deux je sais que je ne vais pas être déçu. Et puis, ce morceau, c'est "Turn around" d'Ornette Coleman, pas joué si souvent que cela par les jazzmen. Un bon blues des familles, bien swingant, et cette façon bien aguerrie de faire monter la sauce... Fred Nardin remonte l'histoire du jazz. Dans son jeu, j'entends Oscar Peterson, mais aussi Herbie Hancock, Chick Coréa (celui de la meilleure époque, celle de son disque "Now he sings, no he sobs" en 1968), avec un zeste de McCoy Tyner (notamment dans le morceau "The Giant", qu'il a composé en hommage au pianiste Mulgrew Miller).
Alternent standards et compositions personnelles. Des instants magiques, par exemple les mêmes "pêches" au même moment (et je sais que cela n'a pas été écrit), l'osmose. Ou lorsque l'un commence une phrase et que l'autre la finit. C'est un bonheur aussi de regarder le visage du pianiste, aux anges, grands sourires, qui tend le cou vers ses deux autres compères dès qu'il se sert d'un motif pour le jouer tout à coup dans une autre tonalité, puis dans une autre, un jeu "out" qui sonne pourtant toujours juste : il n'y a pas à tortiller, ce pianiste en a vraiment sous le capot. Et il fait tout cela avec une de ces facilités... M'étonnerait pas qu'il ait commencé à jouer tout petit déjà...
Durant le set qui a duré une heure dix, on a pu entendre quatre compositions de Fred, et trois standards, dont deux de Thelonious Monk. Ahh, la musique de Monk, c'est pas évident d'en faire autre chose et que cela soit une réussite. Fred Nardin excelle... Je reconnais Green Chimneys, puis plus tard "I mean you". Superbe arrangement d'ailleurs d'I mean you, cette imbrication entre les phrases du pianiste et du contrebassiste.
Durant le set, Fred Nardin nous explique qu'ils ont fini juste la veille d'enregistrer le prochain disque (deux jours de studio) et ce sont les morceaux figurant dans le disque qu'ils nous jouent ce soir. Le disque doit sortir fin septembre/début octobre.
Au Duc des Lombards, ils ont interprété successivement :
- Turn Around (Ornette Coleman)
- Parisian Melody (Fred Nardin)
- Green Chimneys (Thelonious Monk)
- The love in your eyes (Fred Nardin)
- The Giant (Fred Nardin) - Composition en hommage à Mulgrew Miller
- The new hat (Fred Nardin)
- I mean you (Monk)
- Travel to (Fred Nardin)
Pour mieux vous rendre compte de l'étendue de la palette de ce trio ébouriffant, voici ici en écoute un extrait du concert dans lequel j'ai choisi à dessein 4 morceaux : Turn Around ; The Giant ; The love in your eyes ; I Mean you
Rentré un peu plus tard chez moi, je suis alors allé à la pêche aux informations... Eh bien, mes zamis, Fred Nardin, c'est vraiment pas n'importe qui !
Voici par exemple ce qu'on peut trouver sur son site web :
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"Né à Saint-Rémy (Bourgogne) en 1987, il est attiré dès son plus jeune âge par la musique et débute le piano à cinq ans. C'est à l’âge de dix ans qu'il intègre le Conservatoire National de Chalon sur Saône, tout d’abord pour ses études classiques, puis trois ans plus tard, pour rejoindre la classe de Jazz où il étudie notamment la composition ainsi que l’arrangement avec Sylvain Beuf. Il obtient à dix neuf ans son D.E.M (Diplôme d'Études Musicales spécialisation jazz) puis intègre, l’année suivante, le département Jazz et Musiques improvisées du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) où il obtiendra en 2011 son master et se perfectionnera notamment aux côtés d’Hervé Sellin et François Théberge.
Deux ans plus tard, sa passion pour l’écriture et le cinéma l'amène à poursuivre ses études musicales dans la classe de composition de musique à l’image du CNSMDP dirigée par Laurent Petitgirard et Marie-Jeanne Serero dont il sortira diplômé.
Il fonde en 2010, avec ses trois amis Jon Boutellier, Bastien Ballaz et David Enhco, le fameux «The Amazing Keystone Big Band», formation de 18 musiciens réussissant les jeunes musiciens les plus prometteurs de la scène lyonnaise et parisienne. Leurs premier album « Pierre et le Loup ... et le Jazz », ré-adaptation pour grand orchestre de Jazz de la célèbre œuvre de Prokofiev et conté par Denis Podalydès et Leslie Menu, a remporté le prix du « Meilleur album de Jazz Français 2013 de l’Académie du Jazz ». Leur nouvel album, «Le Carnaval Jazz des Animaux» conté par Edouard Bear, est sorti en octobre 2015. L’Amazing Keystone Big Band a déjà collaboré avec de nombreux artistes de renommée internationale tels que : Quincy Jones, Rhoda Scott, Cécile Mc Lorin Salvant, ZAZ, Charles Aznavour, Liz Mc Comb, Nikki Yanofsky, James Carter, Gregory Porter & Kellylee Evans, Christine et Ingrid Jensen, Bill Mobley...
Il reçoit le Prix « Django Reinhardt » (musicien Français de l’année) 2016 de l’Académie du Jazz.
Parallèlement à sa carrière de musicien, il enseigne (de 2009 à 2015) le piano jazz au CRR de Chalon sur Saône, l’arrangement et le piano jazz au Pôle d’Enseignement Supérieur de la Musique de Bourgogne (de 2011 à 2015). Il est également intervenant dans plusieurs stages renommés.
Il s’est également illustré aux cotés de Charnett Moffett, Didier Lockwood, Liz Mc Comb, Scott Hamilton, Jacques Schwarz-Bart, Nancy Harms, Stochelo Rosenberg, Captain Mercier, Richy Ford, Joël Frahm, Sean Smith, François Théberge, Baptiste Herbin, Saul Rubin, Xavier Richardeau, Fabien Mary, Benjamin Henocq, Phil Abraham, Pierre Olivier Govin, Rémi Vignolo, Philippe Soirat, Claude Egéa ..."
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- jeu. 13 avr., 2017 16:11
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